mercredi 14 décembre 2011

Higgs ou la levée du voile

La chasse au boson de Higgs touche, presque, à sa fin

par David Larousserie


Les mailles du filet se resserrent autour d'une mystérieuse particule, le boson de Higgs, la pièce cruciale - encore manquante - du modèle standard de la physique. Certes, il échappe toujours à la traque menée dans le temple de la recherche internationale dans le domaine de l'infiniment petit, l'Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN) de Genève. Mais les caches où il pourrait se dissimuler sont de plus en plus réduites.

Le directeur général de l'installation, Rolf-Dieter Heuer, et les responsables des deux principales expériences, Fabiola Gianotti (pour l'équipe d'Atlas) et Guido Tonelli (pour celle de CMS), devaient dévoiler, mardi 13 décembre après-midi, les résultats très attendus d'une année consacrée à tenter de percer les secrets de la matière. Leur espoir est de trouver le chaînon manquant qui permettrait de résoudre un des grands mystères de l'Univers : pourquoi les particules élémentaires ont-elles une masse ? Le responsable présumé est cet insaisissable boson, dit de Brout-Englert-Higgs (du nom des théoriciens qui ont postulé son existence), ou tout simplement de Higgs. Mais personne ne l'a encore jamais vu.

D'où la construction d'un microscope géant, le Large Hadron Collider (LHC), qui, depuis fin 2009, fracasse à grande vitesse des protons les uns contre les autres, dans un manège souterrain de 27 kilomètres de circonférence. Dans ce genre d'expérience, "voir" c'est en effet "détruire". Et, comme pour une orange pressée, les chercheurs espèrent faire sortir un pépin - le Higgs - de ces collisions à très haute énergie.

Ce pépin, les responsables des expériences Atlas et CMS ne l'ont pas encore observé. Mais, mardi, ils devaient confirmer les rumeurs qui circulaient ces derniers jours. Un "frémissement" de boson est apparu sur leurs écrans, indiquant une masse possible, pour cette particule furtive, de quelque 133 fois la masse du proton, soit environ 125 giga-électrons-volts (GeV) dans les unités utilisées en physique. Sur les courbes enregistrant les collisions, ce frémissement prend la forme d'une légère bosse.

Eurêka ? Pas encore. Trouver ce boson n'est pas comme découvrir la mâchoire d'un australopithèque dans des sédiments africains, ou une nouvelle molécule dans une éprouvette. Dans le monde de l'infiniment petit, les statistiques règnent en maître. Ainsi, les signaux détectés et attribués au Higgs auraient une chance sur 300 d'être le fait du hasard. C'est peu, mais encore bien trop pour sonner l'hallali. Cela suffit toutefois pour affirmer, en langage de physicien, que "la courbe d'exclusion n'exclurait pas le boson de Higgs à basse masse". Autrement dit, qu'il y a comme un pépin qui semble percer la peau d'orange, dans une fourchette de masse comprise entre 115 et 130 GeV.


Les chercheurs ne seront sûrs de leur fait que lorsque les lois statistiques leur diront qu'il existe moins d'une chance sur plus d'un million que le phénomène observé soit dû à un aléa expérimental. Pour ce faire, ils doivent, comme il en va pour les sondages, multiplier le nombre de collisions entre protons, donc le nombre possible d'apparitions d'un Higgs. On ne parle pas là d'un petit millier de "personnes interrogées", mais de millions de milliards de collisions. C'est dire si la chasse est délicate.

Pour l'ensemble de l'année 2011, sur quelque 400 000 milliards de collisions, une dizaine de sondés seulement ont répondu "oui" : une dizaine de chocs dans lesquels un boson de Higgs serait apparu avant de se désintégrer aussitôt en d'autres particules, repérées par les détecteurs CMS et Atlas. Pour atteindre le niveau de précision requis, il faudra tripler, voire quadrupler le nombre de collisions l'an prochain. Fonctionnant 24 heures sur 24, le LHC devrait atteindre ce niveau avant l'été. On saura alors sans doute définitivement si les signaux présentés mardi persistent et sont donc bien imputables au Higgs.

"Nous observons une mer bouillonnante et, de temps en temps, une vague passe au-dessus de la jetée. C'est une fluctuation qui ne nous intéresse pas. Nous devons descendre tout près de la surface de cette mer agitée pour trouver quelque chose qui sorte de l'ordinaire", image Yves Sirois (CNRS), de l'expérience CMS. Malgré toutes les données déjà accumulées, "nous restons prudents", souligne Daniel Fournier (CNRS), de l'expérience Atlas. Si finalement bosses et pics se dégonflent, les physiciens devront soit prendre encore plus de temps pour fouiller d'ultimes recoins mal explorés, soit se passer du Higgs pour expliquer la masse des particules.

Les idées ne manquent pas. Du reste, même avec une éventuelle découverte du boson de Higgs certifiée conforme aux canons de la rigueur scientifique, l'histoire ne s'arrêtera pas l'été prochain. Il faudra jauger la bête, la tester. Car sur le papier, plusieurs bosons existent. Certains portent une charge électrique, d'autres non. Ils peuvent interagir avec les autres particules plus ou moins fortement. Certains ne seraient même pas des particules élémentaires ! Ces "détails" sont fondamentaux pour poursuivre le chemin, encore inconnu, qui mène des énergies sondées actuellement jusqu'à celles qui régnaient aux débuts de l'Univers, lorsque tout n'était qu'une "soupe" de particules élémentaires extrêmement chaudes et agitées.

Quelles lois physiques régissent ces domaines d'énergie que le LHC commence à peine à sonder ? Telle est la quête dont le boson n'est que la première étape. En fonction des résultats de 2012, des choix seront faits, en concertation internationale, pour savoir quel type d'accélérateur-microscope sera nécessaire : un "bélier" avec des protons pour explorer des énergies toujours plus hautes, ou un scalpel très fin avec des électrons, pour décrire au mieux ce qui se passe déjà aux échelles d'énergie du LHC ? C'est le financement et la localisation de ces recherches qui seront alors peut-être un pépin.


Article paru dans l'édition du journal Le Monde du 13.12.11

lundi 3 octobre 2011

Colloque « Temps et Émergence »

École Normale Supérieure, Salle Dussane, 45 rue d’Ulm 
Paris - le 14 & 15 octobre 2011
(Métro Censier-Daubenton, Luxembourg, ou Monge.)

Le Colloque s'attachera à une approche résolument transdisciplinaire du sujet.
Participation libre, dans la mesure des places disponibles.

Rémy Lestienne et Yves Abrioux, pour le Comité d'Organisation.

Programme

Vendredi 14 octobre / Friday, October 14.

Session 1 : Universalité de l'émergence / The Universality of Emergence
  • 09.30 : Claude Debru, « Introduction au colloque. »
  • 09.50 : Paul Harris, Time and Emergence : « Passages between the Physical and Metaphysical. »
  • 10.30 : Dennis Costa, « A Pre-modern Description of Emergence. »
  • 11.10 : pause café / coffee break
Session 2 : Les niveaux de Temporalité / Levels of Temporality
  • 11.30 : Alexis De Saint Ours, « The Emergence of Time in Quantum Gravity and its Philosophical Consequences. »
  • 12.10: Helen Sills, « Emergent Temporalities in Stravinski’s  ‘Rite of Spring’. »
  • 12.50 : pause déjeuner / lunch break –
  • 14.40 : Elie  During, « Régimes de coexistence et niveaux de temporalité. »
Session 3 : Hasard et Emergence des Formes / Chance and the Emergence of Forms
  • 15.20 : Roger  Balian, « Emergences dans un processus de mesure quantique. »
  • 16.00 : Jacques Ricard, « Physical Bases of Emergence in Simple Biological Systems. »
  • 16.40 : pause café / coffee break
  • 17.00 : Frederic Turner, « Damn Lies and Statistics : an Emergentist Critique of Probability. »
  • 17.40 : Yves  Abrioux, « Aiôn and Chronos in the Emergence of Semantic Forms. »
  • 18 :20 : Fin de la journée / end of day 1

Samedi 15 octobre / Saturday October 15.

Session 4 : Universalité de l’Emergence / The Universality of Emergence
  • 09.30 : Hervé  Barreau, « L’émergence comme fait métaphysique. »
  • 10.10 : Gilles Cohen-Tannoudji, « Relativité générale et cosmologie quantique :l’universalité de l’émergence.  »
  • 10.50 : Erica W. MAGNUS, « The Emergence of Theatrical Praxis as a Meditative Technology for Individual Consciousness. »
  • 11.30 : pause café / coffee break
Session 5 : Les niveaux de Temporalité / Levels of Temporality
  • 11.50 : Nicolas Go: « Temporalité et émergence en éducation. »
  • 12.30 : pause déjeuner / lunch break
  • 14.30 : Virginie Van Wassenhove, « Empirical Findings in the Theoretical Context of Time Perception/Processing. »
  • 15.10 : Pierre Uzan, « Co-émergence et enchevêtrement temporel des aspects psychiques et physiologiques de l’unité psychosomatique. »
Session 6 : Emergence des formes / The Emergence of Forms
  • 15.50 : Michael Crawford, « The Emergence of Form : Classical Embryology Meets Genome Biology. »
  • 16.30 : pause café / coffee break
  • 16.50 : Rémy Lestienne, « Emergence and the Mind-Body Problem in Roger Sperry’s Studies. »
  • 17.30 : Hans Mooij, « Time and the Emergence of Values. »
  • 18.10 : Clôture du colloque / End of  the conferency

Pendant le Colloque, un certain nombre de contributions écrites seront également distribuées : 
  • Christophe Bouton : L'émergence du Temps.
  • Pierre Martinetti : Émergence du Temps en gravité quantique 
  • Nicholas Tresilian  : Time and Emergence – Attractors as a source of emergent meaning 
  • Michelle VanNatta : Hypnotic manipulation of time. Perception as a technique of creation of a new self

vendredi 18 mars 2011

Quel(s) modèle(s) pour la science ?

International Conference: The Collective Dimension of Science

Nancy, France

date: December 8-10th 2011



Keynote speakers
  • John Greco (Saint Louis University)
  • Philip Kitcher (Columbia University)
  • Paul Thagard (University of Waterloo)
  • John Woods (University of British Columbia)
  • Jesus Zamora-Bonilla (UNED, Madrid)

Program Committee

Anouk Barberousse (IHPST, University Paris 1-ENS), Alvin Goldman (Rutgers), Gerhard Heinzmann (Archives Poincaré, University Nancy 2), Cyrille Imbert (Archives Poincaré, University Nancy 2), Johannes Lenhard (University of Bielefeld), Olivier Roy (Ludwig-Maximilians-Universität München), Roger Pouivet (Archives Poincaré, University Nancy 2), Jan Sprenger (Tilburg University), John Woods (University of British Columbia).


Presentation of the conference

The goal of the conference is to discuss philosophical issues related to the collective aspects of science, especially within computational science and "big science". While studies within social epistemology already investigate the social dimension of the production and validation of beliefs and knowledge, science is not their core object of study. This conference will be devoted to examining to what extent a too individualistic and resource-insensitive philosophical perspective about scientific practices and the making of scientific knowledge is insufficient and conversely to what extent a focus upon extended and/or social agents is needed. We wish to create fruitful interactions between researchers from different fields or subfields such as philosophy of science, (social) epistemology, epistemic logic, formal epistemology, philosophy of economics, philosophy of logic but also mathematics, computer science or cognitive science (especially distributed cognition).

Though this conference mainly addresses philosophical questions, submissions in history or sociology of science that are clearly connected with some of the research questions will also be considered.

The conference language is English.

A few travel grants will be available for students presenting a paper at the conference. To apply for a travel grant, please send an email to Cyrille.Imbert@univ-nancy2.fr after submitting your abstract and include a CV with description of status and affiliation.


Organizers
  • Anouk Barberousse (CNRS, IHPST - University Paris 1 - ENS) 1
  • Cyrille Imbert (CNRS, Archives Poincaré - University Nancy 2)

Information about submissions

We invite submissions of extended abstracts. Submissions should take the form of an extended abstract of 1000 words. All submissions must be made electronically through our automatic submission system (see the submission page) by May 30, 2011 at the latest. Papers should be suitable for a presentation of around 30 minutes with a 15 minute question-and-answer session. Decisions will be made by June 30, 2011 and authors notified by the beginning of July. All enquiries about the call for papers should be addressed to Cyrille.Imbert@univ-nancy2.fr.


Questions of interest include, but are not limited to:
  • Similarities and differences (definitional, epistemological, etc.) between individual and collective or computer-based scientific knowledge
  • Description and analysis of collective and/or computational scientific agents and their capacities
  • Role and epistemology of various types of computer (personal computers, giant computers, parallel computers, etc.)
  • How is collective scientific work achieved in practice?
  • Scientific understanding within collective and computational science
  • Role and modalities of scientific communication within collective and computational science
  • Transmission and diffusion of scientific results: role of images, formats, summaries, versions of results, etc.
  • The epistemology of scientific storage: (open) encyclopedias, public databases, scientific archives, etc.
  • Division and distribution of scientific work, modularity of tasks and scientific optimality
  • Empiricism, conventionalism and pragmatism at the age of collective and computational science
  • Individual and collective scientific rationality
  • Tacit knowledge within scientific interactions and practices
  • Traditional questions within social epistemology (e.g. expertise, testimony, judgment aggregation, organization of knowledge communities, etc.) applied to science
  • Comparative approaches between formal and empirical sciences about the listed topics
  • Epistemological issues within “big science” e.g. climate science, explorative biological research programs (HGP, barcoding of life), collective science in high-energy physics, etc.

Dates and Deadlines

  • May 30 2011: Abstract submission deadline
  • June 30 2011: Notification of acceptance
  • November 1 2011: Registration deadline
  • December 8-10 2011: Conference

Financial support for the conference is provided by the MSH Lorraine, the Archives Poincaré and the IHPST.

--
Etienne AUCOUTURIER
Ingénieur d'Etudes (remplaçant)
Médiation scientifique
IHPST-UMR8590 (Paris 1/CNRS/ENS)
13 rue du four 75006 Paris
Tél : +33 (0) 1 43 54 94 60
Fax : +33 (0) 1 43 25 29 48

mardi 1 mars 2011

Du savoir à la pratique - De la pratique au savoir (Congrès)

Approche Systémique de la Diversité

Du savoir à la pratique - De la pratique au savoir

8ème Congrès de l'Union Européenne de Systémique


organisé par Systèmes & Organisations, les 20, 21 et 22 octobre 2011

à l’Institut de Sociologie de l’Université Libre de Bruxelles
avenue Jeanne 44 -1050 Bruxelles


Soirée inaugurale le 19 octobre à partir de 19h par le professeur Christian de Duve, Prix Nobel de Médecine

Titre de la conférence :  "Le poids du passé sur l'avenir du vivant"

Le congrès de 2011 à l'ambition de mobiliser tous les partenaires, des champs tant scientifiques, économiques, politiques, que de la santé mentale, du social, du culturel, du médical, des technologies et autour d'une lecture systémique de la diversité.

Les 3 journées s'articuleront autour des thèmes principaux suivants :
  • Compréhension et connaissance disciplinaire - Systémique, transdisciplinarité et diversité ; 
  • Actions et réponses pratiques - Des réponses systémiques face aux crises ; 
  • Humanité et respect des différences - La diversité et l'approche systémique au service de l'humanité.

Andrée Piecq,
Présidente de l'Union Européenne de systémique
et de Systèmes & Organisations

_______________________________________

INFORMATIONS
http://www.systemica2011.eu 
info@systemica2011.eu

ORGANISATION
Systèmes & Organisations asbl
Ve n e l l e a u x J e u x , 4 3
1150 Bruxelles - Belgique
info@s-o.be
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