mercredi 11 février 2009

Transdisciplinarité et santé (Jean-Louis Revardel)

Séminaire EHESS (Centre Edgar Morin) - CIRET

« Pratiques transdisciplinaires »

Mercredi 25 février 2009, 17h-19h

EHESS, 105 Bd. Raspail, 75006 Paris, Salle 1,

(Métro Notre Dame des Champs ou Saint Placide)


Jean-Louis Revardel est né à Paris le 8 septembre 1943, il entre à la SNCF en 1958 : apprenti, ouvrier à Périgueux, puis chef d’équipe à l’Entretien de Paris-Masséna.A partir de 1967, il mène des études de biologie à l’Université Paris-Jussieu puis Bordeaux I. Lauréat de la Fondation de la vocation en 1971, il est Agrégé de biologie et devient Docteur d’état ès Sciences. Ses recherches portent sur la régénération de l’extrémité des membres chez les vertébrés. Il est chargé de cours à l’Université auprès des agrégatifs et dispense aussi un enseignement BTS Biotechnologies. Intéressé par l’interface biologie-psychologie, il côtoie pendant 10 ans le IVe groupe français de psychanalyse et se consacre à l’haptonomie depuis 1986.Il est actuellement haptopsychothérapeute et formateur en haptonomie.

L’haptonomie, en adoptant une approche phénoménologique, dès les années 1940, fut une discipline très avant-gardiste. Les phénomènes affectifs qu’elle met en évidence et étudie se trouvent maintenant éclairés par la pensée du complexe et par les découvertes les plus avancées des neurosciences dans le domaine psychoaffectif.

Il est l'auteur de :
  • Comprendre l'haptonomie, PUF, "Hors collection", 2007
L'haptonomie, à la fois art de vivre et science, remet en avant le respect et la reconnaissance de la valeur de la personne. Dès le giron maternel, puis comme nourrisson et à chaque étape de sa vie, l'être humain est imprégné, voire déterminé, par les vécus affectifs. A la fois art de vivre et science, l'haptonomie permet un regard nouveau sur notre univers affectif et s'applique à tous les domaines de la santé : périnatalité, maturation affective des enfants, psychothérapies, soins médicaux. Elle prend aussi sa place dans l'accompagnement éducatif du nourrisson et de l'enfant. " Les émotions habitent tout à la fois le goût pour la vie, la réjouissance, la gaieté, l'amour entre amants, l'amour filial, le lien entre amis, mais aussi les souffrances affectives, les déchirements, le mal-être psychique, le handicap, la maladie. " Le ton est donné. L'haptonomie concilie la dimension affective de l'être humain et les connaissances scientifiques les plus avancées. De style agréable, cet ouvrage éminemment didactique s'adresse au grand public en quête du plaisir de vivre, aux professionnels de la santé à la recherche d'une humanisation des soins et à tous ceux qui sont épris de sciences humaines.
  • L' univers affectif, PUF, "Hors collection", 2003
Puisant dans son expérience psychothérapique, l'auteur mène une réflexion transdisciplinaire novatrice. Il montre comment la rencontre de la phénoménalité haptonomique et la pensée du complexe permet de porter un regard nouveau sur l'espèce humaine. « L'être humain dispose de possibilités justement adaptées, dans la subtilité et la délicatesse, pour se mouvoir selon mille nuances esthétiques, dans le monde des émotions et des sentiments. » Mais comment rendre compte simplement de la complexité de l'Univers affectif ? En adoptant une progression qui soutient le lecteur dans la compréhension des concepts les plus modernes (théorie quantique, théorie du chaos, etc.), tout en témoignant poétiquement de la richesse des potentialités aimantes de l'être humain, l'auteur montre que, de la conception à la mort, l'être - dans son intemporalité - mène une quête sans cesse renouvelée de vécus de tendresse et de liberté. Voici un ouvrage profondément original qui, dans son contenu et son écriture même, témoigne d'une démarche plurielle : puisant dans son expérience psychothérapique en haptonomie - Science de l'Affectivité -, Jean-Louis Revardel mène une réflexion transdisciplinaire novatrice qui fera référence. Un livre qui remet le c?ur de l'Homme au c?ur du Monde...
  • Constance et fantaisie du vivant, Albin Michel, Paris, 1993

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Huit leçons sur l’incomplétude : logique & mécanique quantique

G. Longo, T. Paul
CNRS - DI et DMA, ENS, Paris

Mars 2009: mardi et mercredi,
3 et 4, 10 et 11, 17 et 18, 24 et 25

de 17h 30 à 19h 30, salle U/V,
sous-sol, étage – 2, Dépt. de Mathématiques
Ecole Normale Supérieure, 45, Rue d’Ulm, Paris


Le concept d’incomplétude apparaît dans l’article fondamental de Gödel (logique), ainsi que dans celui, célèbre, d’Einstein, Podolsky et Rosen (physique quantique). Dans ce mini-cours, ouvert à tous, est proposé de présenter les idées mathématiques au coeur de ces deux incidences de l’incomplétude ainsi que certaines de ses résonnances contemporaines.

  1. [Longo & Paul] Maths, physique et philosophie, une introduction :
    - de Laplace à Gödel et de Poincaré à Turing ;
    - EPR et de Poincaré à Born-Heisemberg ;


  2. [Longo] : Gödel - Déduction formelle et indécidabilité :
    - codage et représentation : premier théorème d’incomplétude ;
    - codage et cohérence : deuxième théorème d’incomplétude ;
    - le sens et la preuve ; des “philosophies” contre Hilbert : Weyl et Wittgenstein ;


  3. [Paul] : Einstein - Mécanique quantique et complétude :
    - formalisme quantique et décidabilité, intrication et EPR ;
    - inégalités de Bell, les expériences d’Aspect ;
    - levée du “paradoxe”, pas de transmission d’information, complétude, accessibilité ;


  4. [Longo] : L’incomplétude, aujourd’hui - L’incomplétude mathématique des systèmes formels :
    - typage et cohérence : théorèmes de normalisation à la Girard ;
    - forme finie de Friedman du théorème de Kruskal ;
    - analyse des passages non-formalisables ; le sens vs l’ordre ou les ordinaux ;


  5. [Paul] : L’intrication aujourd’hui - L’intrication recherchée dans l’expérience :
    - d’un moindre mal à un meilleur bien, téléportation, mesure de l’intrication ;
    - intrication, décohérence et le sujet ;
    - les algorithmes quantiques : puissance vs déterminisme ;


  6. [Longo] : Incomplétude et structures de la détermination :
    - imprédictibilité dynamique et indécidabilité logique : Poincaré vs Gödel à la limite asymptotyque ;


  7. [Paul] : Incomplétude et structures de la détermination :
    - imprédictibilité dynamique et indéterminisme quantique : Poincaré vs Born à la limite asymptotyque ; la notion de “quantité observable” et la question de la “complétude” du formalisme de la physique quantique ;


  8. [Longo] : l’incomplétude mathématique des théories physiques en sciences du vivant :
    - l’apport méthodologique de la physique quantique : les dualités théoriques entre physique et biologie ;
    - quelques extension théoriques : la criticité étendue et l’anti-entropie.

Notes de Cours
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dimanche 8 février 2009

Crise : le choc est à venir

par Harald Welzer

Peu de temps avant la banqueroute de Lehman Brothers, Josef Ackermann, le président de la Deutsche Bank, avait laissé courir le bruit que le pire était passé. Dans les semaines fiévreuses qui se sont succédé depuis, les politiques et les spécialistes se sont surpassés dans la recherche de moyens destinés à doper la consommation, comme si le capitalisme était en mouvement perpétuel et qu'il suffisait de relancer son cycle de création continue.

L'idée que, cette fois, il s'agit peut-être de plus que d'une "crise", n'est apparemment venue à personne. La vie suit son cours : on emprunte, on donne un tour de vis fiscal, et on espère, avec tout ça, passer le cap au plus vite. Le manque de la plus élémentaire clairvoyance de la mesure et des conséquences de la débâcle financière indique pourtant bien que ce qui est arrivé n'a pas été anticipé. Des faillites bancaires massives, des groupes d'assurances entamés, des Etats eux aussi au bord de la ruine ? Et les milliards requis pour tout ça, que sont-ils, sinon de l'argent virtuel injecté dans un système lui-même au bord de l'implosion, à cause, justement, de la nature virtuelle de ses échanges ?

Bien que la catastrophe économique déploie implacablement son cours à une allure défiant toute concurrence, frappant une branche après l'autre, le bricolage, le raboutage et le rembourrage, et les sempiternels sommets continuent à donner l'apparence que la crise est gérée. Les réactions des gens sont graves, mais pas paniquées. En dépit du lot quotidien de nouvelles horrifiques en provenance de la Global Economy, citoyennes et citoyens ne sont que modérément agités.

Notons d'abord qu'un événement, considéré comme historique par la postérité, est rarement perçu comme tel en temps réel. Rétrospectivement on s'étonne qu'un Kafka, le jour où l'Allemagne déclara la guerre à la Russie, ait seulement consigné dans son journal de façon lapidaire : "l'Allemagne a déclaré la guerre à la Russie. - Après-midi : cours de natation". Les ondes de choc, qui parcourent nos sociétés modernes et complexes, partent d'un point d'impact catastrophique initial qui n'atteint les fonctions essentielles qu'à retardement. Il est donc plutôt exceptionnel qu'un bouleversement social soit reconnu pour ce qu'il est par ses contemporains. C'est aux historiens qu'il appartient d'en constater la réalité. Les écologistes déplorent parfois que les gens ne parviennent pas à intégrer l'idée que leur environnement se modifie.

Une étude menée sur plusieurs générations de professionnels de la pêche, en Californie, a montré que c'étaient les plus jeunes qui avaient le moins conscience du problème de la surpêche et de la disparition des espèces. De telles modifications de perception et de valeurs, analogues aux transformations environnementales, on les rencontre aussi dans la sphère sociale : que l'on pense au renversement complet des valeurs dans la société allemande à l'époque hitlérienne.

Dans cette société, les composantes non juives auraient, en 1933, trouvé complètement impensable que, quelques années plus tard seulement, et avec leur participation active, leurs concitoyens juifs se verraient non seulement spoliés, mais seraient embarqués dans des trains pour être mis à mort. Ce sont pourtant les mêmes qui regarderont, à partir de 1941, les convois de déportés partir vers l'Est, tandis qu'une partie non négligeable d'entre eux rachèteront les installations de cuisine, le mobilier et les oeuvres d'art "aryanisés" ; que certains prendront la gestion d'affaires "juives" ou habiteront des maisons dont leurs propriétaires juifs auront été expulsés. En trouvant cela tout naturel.

Que les changements de cadre de vie ainsi que de normes consensuelles se remarquent à peine, tient aussi à ce que les métamorphoses perceptibles ne concernent qu'une part souvent infime de la réalité vécue. On sous-estime de façon chronique combien le train-train quotidien, les habitudes, le maintien d'institutions, de médias, la continuité de l'approvisionnement entretiennent la croyance qu'en fait rien ne peut arriver : les bus fonctionnent, les avions décollent, les voitures restent coincées dans les embouteillages du week-end, les entreprises décorent leurs bureaux pour Noël. Autant de preuves de normalité qui viennent étayer la conviction bien enracinée que tout continue comme au bon vieux temps.

Au moment où l'histoire se produit, les hommes vivent le présent. Les catastrophes sociales, à la différence des cyclones et des tremblements de terre, ne surviennent pas sans crier gare mais, pour ce qui est de leur perception, représentent un processus quasi insensible, qui ne peut être condensé en un concept comme celui d'"effondrement" ou de "rupture de civilisation", qu'a posteriori.

C'est bien connu : le savoir croît en même temps que l'ignorance ; mais jusqu'à présent nous avons, avec Karl Popper, donné à cette maxime un sens plutôt optimiste en l'interprétant comme une exigence de stabilité pour les sociétés de savoir. Or les crises qui sont en train de s'accumuler - le climat et l'environnement, l'énergie, les ressources et les finances - manifestent à l'évidence que nous devons nous battre sur de nombreux fronts dans une ignorance abyssale des conséquences de nos actes.

La déconfiture de l'expertise, où qu'elle s'applique, ne marque-t-elle pas que nous nous trouvons déjà à un "tipping point" point de basculement systémique, à partir duquel des tendances ne peuvent plus être corrigées ? La dernière en date nous fait remonter deux décennies en arrière : l'éclatement général que personne n'avait prévu de tout un hémisphère politique avec des effets de fond sur les configurations des Etats. Alors la marche triomphale de l'Occident paraissait scellée ; on proclama précipitamment la fin de l'histoire, mais entre-temps, la suite semble avoir montré que, dans cinquante ans, les historiens pourraient bien dater de 1989 le commencement du recul des démocraties. Ils pourraient bien diagnostiquer que l'actuelle crise financière mondiale seulement n'avait été que la nouvelle étape d'un déclin entamé depuis longtemps.

On peut, sans risque, qualifier dorénavant de changement accéléré le fait de passer en un instant d'une époque à une autre, dès lors qu'un ultralibéralisme débridé succède à un interventionnisme étatique qui met sens dessus dessous toutes les certitudes jusque-là acquises, non seulement en matière d'économie et de finance, mais aussi dans la politique du climat. Pourtant, personne n'envisage sérieusement la possibilité d'un échec total et, à cet égard, les crises financière, énergétique et climatique révèlent des affinités. On tient pour impossible un effondrement complet du système financier et économique et on se représente encore moins que la pénurie d'énergies fossiles atteigne un niveau tel, d'ici quelques années, que même dans les pays les plus riches, les plus bas revenus ne pourront plus se chauffer.

Qu'est-ce que signifie la connaissance du présent ? Les émissions de gaz à effet de serre vont s'accroître du fait de l'industrialisation globalisée, au point que la fameuse limite des deux degrés au-delà desquels les conséquences des changements climatiques deviennent incontrôlables ne sera pas tenable. En même temps, les spécialistes du climat ne nous donnent que sept ans pour changer de cap. La concurrence qui s'accroît de plus en vite autour des ressources pourrait bien dégénérer en affrontements violents pour départager vainqueurs et vaincus.

Et il n'y a aucun moyen de savoir dans quel groupe se situera l'Europe. Désormais, c'est l'avenir des générations futures que l'on va obérer, notamment par l'envol de la dette publique et la surexploitation des matières premières. Cette colonisation de l'avenir se paiera, car le sentiment d'inégalité entre générations est l'un des plus puissants catalyseurs de mutations sociales radicales. Des mutations qui ne doivent pas s'entendre en un sens positif, comme le projet de renouvellement générationnel du national-socialisme l'a montré.

Une masse débordante de problèmes dans un contexte où le manque de solutions possibles est criant conduit à ce que la psychologie sociale définit comme une "dissonance cognitive". Ou, pour le dire à la manière de Groucho Marx : pourquoi prendrais-je soin de la postérité ? Est-ce que la postérité s'est préoccupée de moi ? Certes, un objectif tel que l'égalité entre générations remet en question les calculs de croissance à courte vue aussi bien que l'idée que le bonheur s'obtient par une mobilité ininterrompue et par l'éclairage 24 heures sur 24 de la planète entière.

C'est justement en temps de crise qu'on voit ce qui se passe, fatalement, quand une entité politique commune ne procède d'aucune idée de ce qu'elle veut vraiment être. Des sociétés qui se contentent de satisfaire leur besoin de sens par la consommation n'ont, au moment où, alors qu'elles se sont coupées de la possibilité d'acquérir une identité du sens et un sentiment de ce qu'est le bonheur quand l'économie fonctionnait encore, plus de filet pour retarder leur chute. Cela tombe au moment où les experts n'ont aucun plan à proposer. Peut-être leur vol à l'aveuglette est-il le signe d'une renaissance. Celle du politique.

Traduit de l'allemand par Nicolas Weill
© Harald Welzer

Crise : le choc est à venir
Psychosociologue allemand, chercheur au Kulturwissenschaftlichen Institut d'Essen. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages consacrés à la mémoire et la perception des événements historiques.L'étude qu'il a dirigée "Opa war kein Nazi" ("Grand-père n'était pas nazi") a été un best-seller en Allemagne (Fischer, 2002). "Les Exécuteurs : des hommes normaux aux meurtriers de masse" (Gallimard, 2007).

Article paru dans l'édition du journal Le Monde du 08.02.09.
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jeudi 5 février 2009

The physical singularity of life phenomena

Extending concepts and techniques from Physics to Life Science: Criticality and Entropy
Ecole normale supérieure
45, rue d'Ulm,
Paris - 10 avril 2009

Programme

Lectures:

9.30 - 12.15: salle U/V (dept. Maths)

Annick Lesne (Physique, CNRS): "The irreducible structure of life"

Gerhard Werner (Biomedical Engin., U Texas): "On non-equilibrium, non-linear dynamics beyond Physics"

14.00 - 16.45: salle Cavaillès

H.G.J. van Mil (Theoretical Biology, Leiden Univ., NL): "Embedding and extension of physical concepts to a biological narrative"

P.-A. Miquel (Philosophie, U. Nice): "The phenomenon of life"


Panel Discussion:

17.00: salle Cavaillès

Giuseppe Longo (moderator), Claude Debru (ENS), Elena Gagliasso (Roma I) and the participants.

Parrainages et soutiens : ANR Program: Singul-calcul (Singularités et calcul)
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