lundi 30 mars 2009

Le Cognitivisme : une définition.

Depuis les années cinquante, la Psychologie Cognitive propose une approche de la cognition humaine centrée sur une conception du cerveau humain en tant que système de prise et de traitement de l’information symbolique.

Cette conception a émergé avec le modèle de Broadbent (i.e. du filtre attentionnel), ancré dans les travaux fondateurs de Claude Shannon et Warren Weaver (modèle mathématique de l'information vue comme un signal codé, transitant par un canal et soumis aux perturbations et à l'entropie), et complètant ceux d'Alan Turing, Norbert Wiener et John von Neumann (les pères fondateurs de la numérisation et donc, de l'informatique). Ces différents approches constituent le socle initial de la théorie du signal et des Sciences de l'Information.

Dans l'optique cognitiviste, la perception humaine, le raisonnement et la prise de décision sont abordés comme une chaîne séquentielle d’opérations, de type : état du monde -> perception (souvent réduite à la réception d’information) -> représentation interne (ou image mentale) -> calcul sur ces représentations (ou computation, par analogie forte avec le fonctionnement d’un ordinateur) -> décision (débouchant sur l’envoi d’une information ou d’un ordre) -> exécution d’une action (aboutissant à une modification du monde).

Les modèles de la cognition développés selon cette approche en proposent généralement une architecture hiérarchique (voir modèle cognitif de Hoc & Amalberti, 1995, 2003). Chaque niveau de l'architecture est supposé réaliser une étape plus ou moins complexe du processus de transformation des données, nécessitant plus ou moins de temps, d’attention et de contrôle selon le niveau considéré. Chaque niveau met en oeuvre des compétences et connaissances différentes, qui font elles-mêmes l’objet de modélisations hiérarchiques (Newell & Simon, 1972 ; Rosch, 1973 ; Schank, & Abelson, 1977 ; Anderson, 1983 ; Rasmussen, 1983, 1987).

Dans ce cadre, la cognition est clairement séparée de la perception et de l’action. La situation de l'action quant-à elle, n'est considérée que comme une source de stimuli. Pour que cette approche fonctionne, il faut que la cognition soit formalisée comme un algorithme (selon une approche type système expert ou type réseaux neuronaux, ou les deux). Sur un mode chomskyen, on modélise la compétence c.- à-d. l’ensemble des règles inconscientes engendrant les procédures correctes, mais pas la performance, c.- à-d. l’usage qu’on en fait.

Cette approche générale de la cognition est, on le voit, réduite essentiellement au raisonnement et à la prise de décision, consistant en des opérations logiques (sur des représentations symboliques préexistantes) par un sujet universel omnipotent, dénué de la moindre émotion.

Aussi, dégagée de tout rapport au contexte, ainsi que de toute humanité, la théorie achoppe t-elle naturellement sur le sens. Sa principale faiblesse : une forte tendance au solipsisme.

Extrait de Penelaud (2008, p.113).
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