mardi 22 avril 2008

Transdisciplinarité : explication.

La transdisciplinarité concerne, comme le préfixe "trans" l'indique, ce qui est à la fois entre les disciplines, à travers les différentes disciplines et au delà de toute discipline. Sa finalité est la compréhension du monde présent, dont un des impératifs est l'unité de la connaissance.

Y a-t-il quelque chose entre et à travers les disciplines et au delà de toute discipline ? Du point de vue de la pensée classique il n'y a rien, strictement rien. L'espace en question est vide, complètement vide, comme le vide de la physique classique. Même si elle renonce à la vision pyramidale de la connaissance, la pensée classique considère que chaque fragment de la pyramide, engendré par le big bang disciplinaire, est une pyramide entière ; chaque discipline clame que le champ de sa pertinence est inépuisable. Pour la pensée classique, la transdisciplinarité est une absurdité car elle n'a pas d'objet. En revanche pour la transdisciplinarité, la pensée classique n'est pas absurde mais son champ d'application est reconnu comme étant restreint.

En présence de plusieurs niveaux de Réalité, l'espace entre les disciplines et au delà des disciplines est plein, comme le vide quantique est plein de toutes les potentialités : de la particule quantique aux galaxies, du quark aux éléments lourds qui conditionnent l'apparition de la vie dans l'univers.

Les trois piliers de la transdisciplinarité - les niveaux de Réalité, la logique du tiers inclus et la complexité - déterminent la méthodologie de la recherche transdisciplinaire.

La structure discontinue des niveaux de Réalité détermine la structure discontinue de l'espace transdisciplinaire, qui, à son tour, explique pourquoi la recherche transdisciplinaire est radicalement distincte de la recherche disciplinaire, tout en lui étant complémentaire. La recherche disciplinaire concerne, tout au plus, un seul et même niveau de Réalité ; d'ailleurs, dans la plupart des cas, elle ne concerne que des fragments d'un seul et même niveau de Réalité. En revanche, la transdisciplinarité s'intéresse à la dynamique engendrée par l'action de plusieurs niveaux de Réalité à la fois. La découverte de cette dynamique passe nécessairement par la connaissance disciplinaire. La transdisciplinarité, tout en n'étant pas une nouvelle discipline ou une nouvelle hyperdiscipline, se nourrit de la recherche disciplinaire, qui, à son tour, est éclairée d'une manière nouvelle et féconde par la connaissance transdisciplinaire. Dans ce sens, les recherches disciplinaires et transdisciplinaires ne sont pas antagonistes mais complémentaires.

Comme dans le cas de la disciplinarité, la recherche transdisciplinaire n'est pas antagoniste mais complémentaire de la recherche pluri et interdisciplinaire. La transdisciplinarité est néanmoins radicalement distincte de la pluridisciplinarité et de l'interdisciplinarité, de par sa finalité, la compréhension du monde présent, qu'il est impossible d'inscrire dans la recherche disciplinaire. La finalité de la pluri et de l'interdisciplinarité est toujours la recherche disciplinaire. Si la transdisciplinarité est si souvent confondue avec l'interdisciplinarité et la pluridisciplinarité (comme, d'ailleurs, l'interdisciplinarité est si souvent confondue avec la pluridisciplinarité), cela s'explique en majeure partie par le fait que toutes les trois débordent les disciplines. Cette confusion est très nocive dans la mesure où elle occulte les finalités différentes de ces trois nouvelles approches.

Tout en reconnaissant le caractère radicalement distinct de la transdisciplinarité par rapport à la disciplinarité, la pluridisciplinarité et l'interdisciplinarité, il serait extrêmement dangereux d'absolutiser cette distinction, auquel cas la transdisciplinarité serait vidée de tout son contenu et son efficacité dans l'action réduite à néant.

Nicolescu, 1997, extrait de Document de synthèse :
PROJET CIRET-UNESCO, Évolution transdisciplinaire de l'Université.
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jeudi 10 avril 2008

Séminaires d'Épistémologie et d'Histoire des Sciences.

Parc Valrose
Salle de conférences, bâtiment de mathématiques (Laboratoire Dieudonné)

MARDI 22 AVRIL
18 heures

LA FORME DE L'ESPACE, DES TROUS NOIRS À L'UNIVERS CHIFFONNÉ

par Jean-Pierre LUMINET
(Laboratoire Univers & Théories, Observatoire de Paris)

La description de la forme de notre espace physique à diverses échelles de grandeur (en taille ou en énergie) met en jeu une riche variété de modèles géométriques, chacun dépendant de la théorie physique sous-jacente. La visualisation des distorsions spatio-temporelles engendrées par les champs gravitationnels et quantiques est l'un des grands défis de la physique fondamentale du XXIe siècle. Je discuterai des représentations spatiales décrivant la forme de l'espace engendrée par les trous noirs, puis la forme globale de notre univers dans le cadre de la topologie cosmique, et donnerai enfin quelques indications sur la structure possible de l'espace-temps à l'échelle quantique. Le séminaire sera notamment illustré par de spectaculaires animations issues de simulations d'ordinateur.


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MARDI 29 AVRIL
18 heures

QUESTIONS ÉPISTÉMOLOGIQUES AUTOUR DE LA PHYSIQUE MATHÉMATIQUE

par Frédéric PATRAS
(Laboratoire Dieudonné, Université de Nice Sophia)

Le but de l'exposé sera de réfléchir sur un mode « métaphysique » aux problèmes philosophiques soulevés par les rapports entre physique et mathématiques.Qu'attend par exemple un mathématicien du contact avec la physique ? Quel type de solution juge-t-il satisfaisante ? Qu'y-a-t-il à apprendre du vingtième siècle, des progrès récents à l'interface des deux disciplines ? Qu'y-a-t-il aussi à retenir ou à redécouvrir sur ces questions dans l'histoire de la philosophie ?L'exemple du projet développé par Alain Connes d'une « théorie de Galois » pour la physique des hautes énergies servira de fil conducteur.



Le Séminaire d'Épistémologie et d'Histoire des Sciences est issu d'un cercle de réflexion qui a rassemblé à Nice scientifiques et philosophes au début des années 70. Son organisation a été l'oeuvre de Pierre Souffrin, astronome, puis historien des sciences, qui en a assuré la responsabilité jusqu'à son décès en septembre 2002. Elle a alors été reprise par Jean-Luc Gautero, maître de conférence en philosophie des sciences, qui l'assistait depuis 1988. Elle est maintenant assurée conjointement par Jean-Luc Gautero et Joseph Kouneiher, philosophe des sciences, et physicien-mathématicien.
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samedi 5 avril 2008

Séminaire de Philosophie et Mathématique.

Année 2007-2008
SÉMINAIRE DE PHILOSOPHIE ET MATHÉMATIQUES
Ecole normale supérieure, Paris
fondé par Maurice Loi

Pierre CARTIER, Jocelyn BENOIST, Giuseppe LONGO, Jean PETITOT, Bernard TEISSIER


Le séminaire se tient, sauf exception signalée, le lundi à 18h 00
Salle Lapie, École normale supérieure, 29 rue d'Ulm, Paris


THEME : "Temps et durée entre science et philosophie"

PROGRAMME PRELIMINAIRE
  • 14 janvier 2008 : Pierre Cartier (Maths, CNRS et IHES, Paris)
    "La durée cosmologique est-elle thermodynamique?" ;

  • 21 janvier : Claude Debru (Philosophie, ENS, Paris)
    "Psychophysiologie du temps" ;

  • 11 fevrier : Lilianne Manning (Neurosciences (LINC), Univ. Strasbourg)
    "La capacité à se projeter dans le temps: mémoire et imagerie mentale" ;

  • 18 fevrier : Annick Lesne (Physique, CNRS - IHES, Paris)
    "Usages détournés de la variable temporelle" ;

  • 10 mars : Elie During (CIEPFC, Paris)
    "Temps-paramètre, temps-coordonnée, temps propre : les formes mathématiques du temps selon Bergson";

  • 17 mars : Jean Petitot (Crea et EHESS, Paris)
    "Modèles formels de la temporalité chez Husserl" ;

  • 7 avril : Pierre Cassou-Noguès (Philosophie, Université de Lille)
    "Temps et memoire chez l'homme et la machine. Autour de J. von Neumann" ;

  • 14 avril : Christophe Bouton (Philosophie, Université de Bordeaux 3)
    "Temps de la conscience et temps de l’univers (Ricoeur, Kant, Bergson)" ;

  • 5 mai : Alexis de Saint-Ours (Philosophie, Université Paris 8)
    "Temps et relation en gravitation quantique" ;

  • 19 mai : Thierry Paul (Maths, CNRS - ENS, Paris)
    "Durée quantique et temps classique à l'infini" ;

  • 26 mai : Rocco Ronchi (Philosophie, L'Aquila, It.)
    "Le seuil de l'instant. La structure du changement selon Bergson" ;

  • 2 juin : Mioara Mugur-Schachter (Physique, Cesef)
    "Une tentative de construction relativisée du désigné du mot "temps"".


En marge du séminaire :
Automne 2008 : Six leçons sur l'incomplétude : logique, mécanique quantique
Cours bref et ouvert à tous, par G. Longo et T. Paul

Les exposés de 2004 à 2007 sont video-enregistrés et disponibles en ligne sous : Diffusion des savoirs


Renseignements : jocelyn.benoist (at) ens.fr ; longo (at) di.ens.fr
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